Du téléphérique aux caïmans, les poulets s’éclatent en Bolivie

Après dix jours d’aventures dans le sud du pays, les poulets se lancent à l’assaut de quelques merveilles du nord bolivien. À commencer par la plus grande métropole du pays, La Paz, également siège du gouvernement. On ira ensuite jouer les aventuriers du dimanche à l’orée de la jungle.

On arrête de bouder et on fait la Paz

Notre visite de La Paz se déroule en trois fois. En effet les poulets vont rayonner autour de cette incroyable citée nichée au cœur d’un canyon, et à une altitude moyenne de 3650m. Après un sympathique trajet nocturne en bus, nous traversons le centre-ville nos sacs sur le dos. Premier constat, c’est peut-être paisible, mais c’est pas plat! Notre trajet n’est pas très long mais il faut essayer un maximum d’optimiser les montées et les descentes car ici il n’y a pas une rue qui ne tire pas les jambes.

Un million et demi de personnes vivent dans la métropole, et ça se sent, au sens propre. Le trafic y est vraiment dense aux heures de pointe et le nuage de pollution est littéralement au-dessus de nos têtes. Il y a 800m de dénivelé entre le font de la vallée et les pleines « en surface » du canyon. Donc quand tu démarres ton vieux diesel pour tout remonter, un moment donné tu traverses ce qui sort de ton pot d’échappement. Et avec les côtes à monter partout, on ne peut pas dire que les locaux soient amateurs de vélo ou de marche à pied. C’est d’ailleurs à croire qu’il y a plus de bus et de taxis que d’habitants. La ville compte pourtant huit lignes (et bientôt dix) de téléphérique flambant neuves, mais les habitants sont habitués à leur réseau ultra dense de transports en commun. On croise des camionnettes partout avec le pare-brise tapissé des destinations, changeant au fur et à mesure du trajet. C’est assez efficace et on peut se rendre n’importe où assez rapidement.


Nous nous essayons au téléphérique avec quatre amis suisses rencontrés un peu plus au nord, à la lisière de l’Amazonie, on y reviendra un peu plus tard. Ils sont d’ailleurs assez excités en découvrant que tout le système est de fabrication suisse. Ils ne sont peut-être pas si bon en football, mais en téléphérique, ils assurent. Les lignes sont principalement utilisées pour traverser la ville de part en part à grande vitesse, en survolant les gratte-ciels, et en gravissant quelques centaines de mètres au passage. Pour les poulets et leurs amis c’est un excellent moyen de découvrir La Paz sous un angle original, vraiment peu commun au cœur d’un environnement urbain si dense. On survole des entraînements de football, des fêtes de quartier, des fanfares mais aussi et malheureusement des quartiers très pauvres où les conditions de vie tranchent radicalement avec notre moyen de transport passager. La Paz abrite peut-être parmi les citoyens les plus riches du pays, mais comme toutes les grandes villes, elle est aussi synonyme d’une extrême pauvreté dans certains quartiers.

Nous avions beaucoup de retours différents et assez opposés sur La Paz. Nous comprenons maintenant pourquoi elle divise. C’est un monstre tentaculaire ultra urbain et assez modeste proposant peu d’attractions touristiques, certes. Mais c’est aussi une citée unique, où chaque balade fait mal aux poumons et aux jambes, où se croisent des employés de bureau en chemise et des matriarches chapeautées en tenue traditionnelle, et où on croise les doigts en bus pour ne pas avoir à freiner en montée, parce que si on cale, on part en arrière! Les poulets ont donc beaucoup aimé leur parenthèse urbaine. Mais c’était peut-être pour mieux s’envoler vers la forêt…

Rurrenabaque, excursion sur la rivière aux alligators

Après un vol express nous évitant une journée de bus sur une des routes les plus difficiles du pays (là c’est pas tant une question de confort que de timing serré, ouais ouais), nous débarquons dans la charmante petite bourgade de Rurrenabaque. On a perdu 3500m d’altitude, gagné 20°C et pris 60% d’humidité en une heure! Nous voici dans un autre pays.

Notre venue ici est uniquement motivée par les excursions partant de Rurre’. Sont proposés des séjours de plusieurs jours au choix dans la forêt amazonienne, dite « selva », ou dans la pampa bolivienne, dite « pampa ». La première destination ravit principalement les amateurs d’aventures de type survie ou au moins débrouille car elle part à la rencontre de villages installés au cœur de la selva. La seconde est plus tranquille et s’articule surtout autour de la découverte d’animaux sauvages… Un peu pressés par le temps, et surtout effrayés par les attaques quotidiennes de moustiques et de mouches dans la forêt, nous décidons d’embarquer pour trois jours et deux nuits dans la pampa.


Notre petit groupe d’aventuriers pour notre expédition se compose de Catherine et François, deux profs de sport en voyage en Amérique du Sud, ainsi que de quatre voisins suisses Eléonore, Marie, Nicolas et Marc, fraîchement diplômés de médecine et voyageant entre amis avant de découvrir les joies de la vie de travailleurs. Après trois heures de voiture, nous embarquons en pirogue avec notre guide local Nacho pour quatre heures de balade à la découverte de la faune locale.

Nous sommes en saison sèche et la rivière sur laquelle nous naviguons est le seul point d’eau de la région. Il y a donc une quantité impressionnante de vie! Les rives sont parsemées de dizaines d’espèces d’oiseaux allant des hérons aux martins-pêcheurs en passant par les cigognes et les cormorans. On a même la chance de voir un toucan en plein vol! Les arbres n’abritent pas que des volatiles. Les paresseux sont aussi locataires des lieux (bien que nous n’en ayons malheureusement pas vu…), tout comme les singes. Nous rencontrons deux espèces, des petits singe-écureuils jaunes très joueurs et très intéressés par notre garde-manger, et des singes hurleurs roux et noirs. Ces derniers « chantent » au petit matin, ça remplace le coq, et c’est plutôt originale. Ayant l’impression qu’on préparait un cochon pour le déjeuner, Ben, la faim au ventre, saute du lit et part à la recherche de ce qui cause ce bruit avant de revenir assez déçu :

Les animaux les plus impressionnants restent quand même les capybaras, ces énormes rongeurs aux allures de cochons d’inde XXL, les piranhas, ces petits poissons aux dents acérées et que l’on pêche avec de la viande rouge, mais surtout les alligators et les caïmans! Ce n’est pas comme si on apercevait une paire d’yeux de temps en temps… Il y en a des dizaines, voire des centaines, partout. Certains se prélassent sur le bord de l’eau, d’autres se baignent et disparaissent au moment où l’on les approche, les plus gros ne semblent pas se préoccuper de nous et n’hésitent pas à venir très près (très très près) de la pirogue si l’envie leur prend de traverser la rivière au moment où l’on passe. Et puis ils ont cette manie de rester la gueule ouverte a attendre que ça se passe, à nous montrer leurs dents. C’est impressionnant. Bon les petits alligators de trente centimètres, c’est rigolo, mais les gros caïmans de trois mètres c’est autre chose! Tu fais moins le malin quand ton guide te demande de mettre les pieds dans l’eau pour pousser la pirogue! Et ce son lorsqu’ils ferment leur gueule alors que la pampa tout entière se détend… CLAC! Genre pour dire à tout le monde « c’est peut-être toi le prochain avec ta perche à selfie de chinois qui m’exaspère » (ouais Ben a décidé de les filmer en gros plan).

Même si le reste des activités n’a pas été folichon (la traque à l’anaconda en plein cagnard pour rentrer bredouille par exemple) et qu’on a passé pas mal de temps à faire la sieste dans des hamacs (payer pour dormir, ça a le don d’exaspérer les poulets), cette expédition nous a pas mal plu. Et puis on a rencontré d’autres suisses sympas, ce qui peut s’avérer pratique pour nos prochaines vacances au pays des horloges (bon y a aussi le côté humain de se faire des amis, de partager d’excellents moments, tout ça tout ça).

Week-end prolongé sur les rives du Titicaca

Le dernier arrêt des poulets en Bolivie est le mythique lac Titicaca. Se trouvant à trois petites heures de bus de La Paz, ce serait dommage de ne pas aller voir de nos yeux ce gigantesque lac aux allures de mer intérieure. Et puis tout le monde s’accorde pour dire qu’il est magnifique et qu’il flotte sur sa rive un air paisible. Allez en barque!

On pose nos valises à Copacabana, station balnéaire bolivienne sur les bords du lac. La ville ressemble à son homonyme brésilienne à ceci près que nous sommes encore à plus de 3800m d’altitude et que les strings ficelles se font rares sur la plage! Il y a bien quelques pédalos et petites barques à disposition pour aller faire des ronds sur l’eau, ça ne motive pas les foules. La haute saison n’a pas encore démarré et la petite ville baigne dans une activité légèrement ensommeillée. Les rabatteurs des restaurants et des cafés peinent à remplir leur terrasse. Tiens, justement l’un d’eux nous dit quelque chose! Patricio, notre ami uruguayen avec qui nous avions fait du ciment chez Fernanda et Julio à Cafayate en Argentine! Tout comme nous, sa guitare et lui ont voyagé à travers le nord de l’Argentine, de la Bolivie, jusqu’à Copacabana où il travaille depuis quelques jours dans un restaurant. Mais une fois n’est pas coutume, ça ne durera pas longtemps puisque nos conseils sur la pampa lui mettent l’eau à la bouche. L’avenir nous dira s’il est allé s’occuper des petits singes maltraités.

Bon, les amis c’est bien, mais on est aussi là pour visiter. Comme tout bon touriste du lac Titicaca côté bolivien, on embarque pour une journée de balade sur la Isla del Sol à quelques kilomètres au large de Copacabana. La région est parsemée de ruines incas et les plus belles se trouvent semble-t-il sur cette île. Alors ça c’est sur le papier, car en fait c’est un peu plus compliqué. Le principal site inca de la zone se situe en effet sur la Isla del Sol, dans la partie nord de l’île, mais le problème c’est que la communauté vivant au sud estime ne pas recevoir assez de royalties sur le tourisme lié à ce site archéologique. Du coup l’accès à la partie nord de l’île est tout simplement fermé. Autant vous dire que ces informations ne sont pas vraiment communiquées au village et ce ne sont que des conclusions que nous tirons de voyageurs rencontrés. Les gens ne sont pas malhonnêtes non plus, ils nous disent d’emblée que c’est inaccessible, et c’est comme ça. On ne saura jamais ce qu’on a raté mais on a l’impression d’avoir visité Bruxelles sans avoir mangé de frites (à la graisse de bœuf avec une mayo maison et une chope de Jupiler, le package). Comprenez qu’on a quand même passé une excellente journée à se balader au soleil (Isla del Sol ça veut dire île du soleil, au cas vous ne suivez pas).

Pas de voitures, pas de scooters, justes des ânes et des lamas pilotés par des petites dames chapeautées (ce n’est pas péjoratif mais c’est vraiment un petit peuple, Ben s’y sent bien). Les hommes, souvent très âgés, travaillent aux champs. Les années de labeur peuvent se lire sur leur visage buriné esquissant toujours un sourire à notre passage. La vie ici semble paisible mais néanmoins difficile. L’économie repose sur l’agriculture pratiquée ici depuis des siècles. Les incas avaient développé des terrasses à flanc de colline toujours utilisées aujourd’hui, c’est assez impressionnant. Il n’y a pas un mètre carré de terre qui ne produira pas. Ça nous rappelle la frénésie agricole du nord du Vietnam ou les magnifiques rizières de Batad aux Philippines. Au passage, notons que Ben se fait cracher dessus (à trois reprises) par un lama un peu bougon. Rien de baveux, juste un peu d’herbe mâchée. Ça lui apprendra à aller déranger les locaux pendant qu’ils broutent.

Un nouveau petit voyage en bus et nous revoilà à La Paz, ville depuis laquelle nous nous envolerons pour nos prochaines aventures. Nous quittons en effet l’Amérique du Sud après un peu plus de deux mois de Buenos Aires à La Paz. Il y a eu des moments difficiles, surtout au pays de Diego Maradona, mais tout ceci est derrière les poulets, la Bolivie nous a enchanté par ces paysages variés et authentiques. Nous attendions beaucoup de notre séjour ici et nous pouvons dire que la Bolivie a été largement à la hauteur de la réputation qu’elle a! On se retrouve après vingt et une heures de voyage, trois avions (et autant de risques que LATAM nous perde encore nos bagages…), sur un autre continent mais toujours à connotation latine : le Mexique! Mais ça c’est pour le prochain article des poulets voyageurs.

À bientôt,

Audrey & Ben

6 Replies to “Du téléphérique aux caïmans, les poulets s’éclatent en Bolivie”

  1. Mais du coup j’ai pas bien compris… Ce qu’on entend sur l’enregistrement, c’est l’estomac de Ben qui gargouille ?

    1. Exactement! Mais si t’écoutes attentivement, au fond, tu entends un singe qui appelle un collègue pour faire une partie de bridge

  2. Quel honneur d’apparaitre sur votre blog 😉 Et j’adore le petit enregistrement de notre doux réveil dans la pampa.. ! D’ailleur l’épisode du poisson gifleur.. Audrey, la meilleure pêcheuse de l’équipe! Pas besoin de canne à pêhce vu que les poissons viennent à elle 😉 D’ailleurs je savais pas que Ben s’était fait craché dessus par un Lama, joli! Bisous les tours du mondistes

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      De rien! C’était un énorme plaisir de partager cette expérience de pêche à la joue avec vous 😀
      Et oui Ben s’est fait un ami un peu grincheux, ayant le crachat facile 😉
      Grosse bise petite suisse 🙂

  3. Vous l’avez loupé celle la :Isla del Sol ça veut dire île du soleil, INCA vous ne suivez pas

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Bien vu le borgne!

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