La traversée du Cambodge

Après les bains de foule et la première étape touristique que nous a offert Siem Reap, nous décidons de ne pas explorer la côte cambodgienne qui est bien souvent une destination prisée des voyageurs au Cambodge. En fait, on en a prévu pas mal des îles paradisiaques pour la suite, alors on décide de découvrir la campagne cambodgienne en prenant la direction de l’est du pays, plus rural.

De Kampong Thom aux rives du Mékong

Première étape de notre virée au cœur du « vrai Cambodge », Kampong Thom. Bon là, on ne va pas vous mentir c’est un peu une étape mi figue mi raisin. Le village charmant que nous avions en tête s’avérera être une petite ville pas jojo, traversée par une belle nationale qui ne présente pas le Cambodge sous son meilleur jour. Espaces verts, éco-quartiers et restos branchés, voilà l’exacte opposé de ce que ce petit joyau rural a à nous offrir. Ça nous rappelle que la Thaïlande est déjà bien loin et que les marchés de nuits ne se valent pas tous. Mais ça va, les poulets ne se démontent pas et profitent de la petite vie locale gagnant les rues à la tombée de la nuit. Ben s’essaie à la pétanque avec ces messieurs, et Audrey observe ces dames en plein effort à faire de la gym en plein air! Le prof d’un côté de la rue avec son micro et sa sono, les petites dames de l’autre.

Constructifs dans l’âme, on va au bout du truc et on loue un scooter afin de découvrir les environs. Oui vous remarquerez qu’Audrey prend encore sur elle avec un naturel débordant pour adopter le deux-roues comme moyen de transport privilégié de ce voyage… ou pas. On apprendra rapidement que la notion de route ici est légèrement différente de chez nous. Après la Thaïlande et son superbe bitume, on a au mieux le droit à des voies poussiéreuses et piégées de nids de poules. Nous prenons donc la route pour découvrir un ensemble de temples reculés ainsi que la campagne environnante. Ben nous concocte une boucle de 80km aux petits oignons, ne suivant pas la voie rapide car, selon ses dires, « ce sont des vraies routes secondaires Audrey, ne t’en fais ».

Nous voilà donc parti pour la journée, sur notre Honda 125cc semi-auto flambant neuf… ou presque! Et après 10 minutes de vraies routes, voici les sentiers (vous vous souvenez, les « vraies routes secondaires »…?)! L’aller se passe plutôt sans encombres, hormis la désensibilisation complète du postérieur d’Audrey. C’est plutôt pour la deuxième partie que cela se corse, celle où on prend les route en « traits pleins » sur la carte. C’est d’abord plutôt correct. Mais après une heure de trajet, les routes deviennent alors des pistes de terre, puis des pistes de sable, puis des sentiers pédestres en sable (mais toujours des « traits pleins » sur la carte, si si, toujours de « vraies routes secondaires »). La journée a été finalement plus éprouvante que prévue et a rendu nos deux poulets couvert de poussière et bien fatigués. Il n’en faut pas plus pour conforter Audrey dans l’idée de faire une pause sur les sorties scooter organisées par Ben!

Mis à part tout ça, ce qui nous restera de cette journée est sans conteste le plaisir d’entendre dix « hello! » par minutes de la part des habitants arborant toujours un énorme sourire plein de dents. Le paysage est par contre d’un intérêt plutôt limité en cette saison car c’est très sec. Mais encore une fois, la gentillesse des cambodgiens compense largement, particulièrement ici au cœur de la campagne où les occidentaux viennent rarement se perdre.

Après cette journée un peu épique, nous décidons de nous remettre en route pour Kratie. Il s’agit d’une ville bordant le Mékong dans une région ou le fleuve enlace de petites îles paisibles. Notre idée est de nous rendre sur l’une d’elle, Koh Trong, micro-île de six kilomètres de long n’abritant que quelques habitations et domaines agricoles où le temps s’est arrêté. Nous trouvons une chambre de libre dans une (des deux) guesthouse de l’île, louons des vélos et partons découvrir l’île. Au bout d’une heure trente, nous avons fait le tour! Pas grand-chose à faire ici excepter se relaxer, prendre son temps, photographier des vaches (passion de Ben soutenu par le regard affligé d’Audrey qui sait que nous aurons sans doute une ou deux pellicules de vaches de partout dans le monde) et regarder les couchers de soleil sur le Mékong avec la moitié des enfants du village. En particulier des fillettes bien coquettes qui décident qu’Audrey doit faire partie du clan en arborant sur sa tête colliers de fleurs et toutes sortes de plantes ramassées sur les rives du fleuve!

Mais il fait toujours très chaud ici et ce n’est qu’après le couché du soleil que nous assistons à des scènes étonnantes. Par exemple des moines jouant au foot en couche orange (méthode de pliage de la toge facilitant la pratique du sport semble-t-il) à faire une danse de la victoire après avoir marqué un but! A peine remontés sur nos bicyclettes, on découvre un karaoké sur la plage dans le lit asséché du Mékong. Il ne nous aura pas fallu longtemps pour nous faire inviter à cette petite soirée organisée par un groupe de locaux s’égosillant sur des ballades cambodgiennes. Vous imaginez bien qu’on nous demande de participer, et malgré la bière offerte on ne brillera pas, même sur le classique « Aline » qu’on nous demandera de chanter à notre grande surprise, surréel! Cette soirée se clôturera par la performance en duo d’Audrey et d’une jeune cambodgienne, sur la chanson « Hélène, je m’appelle Hélène » à sa demande… le karaoké à la cambodgienne ça ne s’invente pas!

Après deux jours sur l’île, hors du temps et loin de tout, il est temps de reprendre la moto/taxi/bateau/bus, direction la région du Mondolkiri à l’est du pays.

Nature et communautés du Mondolkiri

Le but de ce petit passage dans le Mondolkiri était de découvrir le Cambodge « des montagnes » (en vrai nous sommes à 800m d’altitude… le Cambodge c’est la Belgique locale) mais surtout passer un peu de temps dans la forêt cambodgienne.

La région est connue pour ces nombreuses excursions autour de l’observation des éléphants et la découverte des populations locales, les Bunong. Ben arrive donc à convaincre Audrey de s’inscrire à un trek de deux jours dans la jungle avec nuit chez l’habitant. Oui oui, Audrey fait du scooter et des treks, on aura tout vu! C’est donc avec une certaine curiosité que nous partons au petit matin pour deux jours.

Attention, le paragraphe suivant est sérieux et ne sera agrémenté d’aucune photo d’éléphant. C’est un peu long, accroche toi, ça va bien se passer.

Nous avions énormément lu au sujet des éléphants de cette région. Bien que plus motivés par la partie nuit chez l’habitant et non la partie pachidermique, nous voulions nous faire notre propre avis sur le sujet. En fait, il existe une petite guéguerre entre les différents centre de recueil des éléphants et les locaux. Les éléphants sont dans tous les cas assurément mieux traités qu’il y a une dizaine d’années. Ils étaient alors utilisés pour leur force dans diverses tâches de construction, de déboisement et d’agriculture. Aujourd’hui ils sont utilisés à des fins touristiques, d’où l’émergence de quelques sites d’accueil pour leur retraite. Le conflit réside dans le fait que ces centres n’engagent souvent pas de locaux, et les retombées financières, ne bénéficiant pas qu’aux gros mammifères, ne ruissellent pas beaucoup. De l’autre côté, les population locales les achètent ou les louent à leur anciens propriétaires afin de les orienter à 100% de leur temps vers nous, les touristes. Du coup, pour ne pas les perdre et être sûr de les avoir à dispo à volonté, le cornac/mahout (leur « maître ») passe la journée avec eux dans la forêt et leur attache les pattes entre elles le soir afin de limiter leurs déplacements. Le problème est un peu épineux donc. D’un côté on les soigne et on laisse plutôt libres mais les locaux ne sont pas impliqués, de l’autre les éléphants sont toujours exploités et à la merci de l’homme mais cela profite direction aux minorités assez pauvres. La première catégorie étant assez simple à analyser (et beaucoup plus chère!) on a donc opté pour la solution « locale » afin de nous faire notre idée. Après 30 minutes de marche dans la forêt, les deux éléphants sont arrivés pour prendre leur bain dans la rivière. Nous étions plus sur la réserve qu’autre chose, et malgré un guide fort sympathique et un émerveillement naturel devant ces animaux incroyables, on garde une sensation de malaise en leur distribuant des bananes. Personne n’ira se baigner avec eux (à la grande déception de notre guide) et nous décidons de ne pas prendre une seule photo. On réserve nos péloches pour la vraie découverte qui sera au cœur d’une réserve africaine bien stricte en milieu sauvage!

Voilà c’est bon, on reprend un ton plus léger et on se détend sur sa chaise. Et si tu veux vraiment voir une photo d’éléphant, vas faire un tour ici.

Cet épisode passé, notre petit groupe de français fort sympathiques (Stéph, Cédric et Marie, Adèle et Anthonin pour ne pas les citer!) profite plutôt de la forêt, des cascades, et du barbecue bien copieux concocté par notre guide! A défaut d’être d’accord sur les gros animaux, on se rejoint sur la cuisson du poisson chat et des cuisses de poulet au barbecue.

On fini la journée au milieu d’un village Bunong où nous devons passer la nuit. Un repas en famille ou presque car seul le père se joint à nous. Les adultes semblent un peu gênés par la barrière de la langue, à l’inverse des enfants (au nombre de huit, on rigole pas ici) qui nous réquisitionnent à tout de rôle pour aller jouer. La soirée s’avérera très agréable à manger de la délicieuse soupe de bambou préparée par la famille, et découvrir la vie des communautés Bunong bien loin du tourisme de masse et du Cambodge citadin!

La journée se termine avec une bonne nuit de sommeil en hamac/moustiquaire dans la hutte familiale en compagnie de la grand-mère, de tous les enfants et des petits cochons… Cette phrase semble très drôle à la lecture mais en effet, et à la grande surprise d’Audrey, on dort pas si mal dans un hamac! Nous voilà donc parti pour le vrai trek de six heures dans la forêt. Un parcours permettant de découvrir trois cascades, quelques plantes médicinales expliquées par notre guide et déguster un délicieux barbecue (repas typique ici, le pied quoi)! Bon on ne vas pas de mentir nous ne sommes pas de grands férus de randonnée mais nous passons tout de même un superbe moment grâce à ce guide local qui connaît la forêt comme sa poche et qui ouvre la porte de sa maison avec enthousiasme.

C’est donc sur cette belle note que nous achevons notre périple cambodgien. Ce pays nous aura déçu par ses paysages plutôt secs en cette saison mais nous aura aussi assurément permit de faire le plein de sourires et de gentillesse. Il est temps de rejoindre le Laos, pays du hamac et de la détente… Ça promet pour l’hyperactif Ben…

A très bientôt,

Audrey & Ben

16 Replies to “La traversée du Cambodge”

  1. Me suis faite avoir par le lien pour la photo ! Bien joué petits filous (oui à l’ancienne)! Encore une fois, un récit qui ne manque pas d’humour et des photos superbes. Pensez tout de même à bien vous reposer, sinon vos postérieurs vont véritablement se fâcher ! Un gros gros bisous. J’ai déjà hâte de lire la suite !

    1. Merci de te soucier de nos postérieurs ma sœur! Ils en voient du pays! On se repose aussi, ne te fais pas de soucis pour cela! Mille bisous!

  2. Super souvenirs du Cambodge 🇰🇭
    Amusez vous bien !

    1. On s’échangera nos anecdotes à notre retour!

  3. Hello !on ne peut pas dire que vous ne vivez pas avec les « locaux » vous êtres « immergés » dedans! C’est vraiment super. Encore de belles photos et un article plein de….surprises!
    Reposez -vous un peu (comme dit Joe) et prenez soin de vos fesses !
    Gros bisous mes petits poulets chéris.

    1. Difficile de ne pas partager avec les locaux ici…ils sont tellement gentils! Nous alternons entre scooter et repos pas de crainte! On ne vas pas se plaindre aussi! Gros bisous la famillia!

  4. Comme Joe je me suis fait avoir avec le lien photo! Ben bon point pour toi, tu aimes photographier les
    vaches. Audrey la photo avec les enfants est super et plein de naturel,bravo au technicien de la prise
    de vue.Bisous Michel.

    1. Nous sommes extrêmement déçus de ce commentaire sans blague douteuse. Mauvais sujet papa!

  5. Comme toujours, super les photos et les commentaires.
    Audrey les couronnes de fleurs te vont à ravir!
    quant à toi Benji je comprends ton envie de photographier les vaches,
    elles ont tout dans le regard… Gros bisous les poulets chéris

    1. Les vaches c’est une passion. Y’en a partout ici c’est le pied. Je me retiens de ne pas toutes toutes les photographier!
      Audrey a une tête à chapeau c’est bien connu, tout lui va, même les couronnes d’aromates!

  6. On dit de moi mais n’y aurait-il pas beaucoup d’enfants sur vos photos ?

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      On s’adapte à notre public (: et en même temps nous devons avouer qu’au Cambodge il est difficile de ne pas être entourés d’enfants !!

  7. Haha. Comme je t avais dit un pays pas magnifique mais des gens adorables !!
    Classe votre article en tout cas 😉 des becots du desert d atacama

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Yep tu avais raison. On a vraiment envie pour eux que la jeune génération commence à prendre ses aises et se réapproprie le pays.
      On a hâte de suivre vos traces dans le désert! Vous tentez une traversée en tandem, version Mike Horn?! 😀

  8. Encore un joli récit avec de l’humour et un paragraphe sérieux ! Audrey tu ES de toute beauté avec ton teint hâlé et tes fleurs dans les cheveux ! Gros bisous .

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Même à distance tu réussi à être adorable ma Elo ! Oui on ne peut pas dire que pour l’instant on passe notre temps à dorer au soleil sur une plage… Ça c’est pour plus tard ! Mais je me défends dans le genre bon teint !

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