Le sud du Mexique, Chiapas ou ça casse

Cela faisait longtemps, peut-être trop longtemps, que nous n’avions pas repris le bus pour voyager de nuit. Il faut croire que ça devait nous manquer. Nous voilà donc partis pour une traversée de la péninsule du Yucatán direction le sud du Mexique, l’état du Chiapas.

Vieilles pierres, suite et fin

Le voyage se passe bien et nous arrivons presque frais. C’est donc au petit matin que nous découvrons la petite ville de Palenque nos sacs sur le dos. Un copieux petit déjeuner à la mexicaine avalé (œufs brouillés, sauce aux oignons et à la tomate, haricots rouges en purée et galettes de maïs – un petit déj de champion) nous posons nos fardeaux à l’hôtel et partons à la découverte de ce qui nous a attiré ici. En effet, malgré son calme, ce gros village est un point de passage de choix pour les amoureux d’histoire. On trouve ici un des plus grands sites du monde maya regroupant à la fois temples, sépultures, palais et un superbe musée.


Ce que l’on peut dire c’est que nous ne sommes pas déçus. Déjà le site diffère totalement de ceux que l’on a visités jusque-là. Comme à Calakmul, les ruines sont dispersées dans la forêt, autour de clairières et pour beaucoup à flanc de montagne. Le Chiapas n’est pas plat comme le sont les états de l’Est du pays, des pics émergent de la forêt un peu partout. On nous avait beaucoup parlé de Palenque et Ben attendait avec impatience de venir ici. Il est aux anges. Nous flânons quelques heures au milieu des ruines, observons les archéologues qui restaurent les bas reliefs et fresques du palais, grimpons les marches des temples, découvrons le tombeau du roi et de sa reine. C’est infini. Et tout ça sous les regards et les cris des singes hurleurs, une nouvelle fois locataires des lieux. Ils ne se trompent jamais ceux-là. On pensait avoir tout vu mais c’était avant d’arriver au musée. Énorme surprise! De belles pièces sauvées du pillage, des poteries, des bas reliefs, et surtout, surtout, la tombe du roi découverte dans un des temples que l’on venait de visiter. Superbe.

Après deux jours de repos durant lesquels on a pu rattraper un peu de retard organisationnel (visite chez le coiffeur et le cordonnier en l’occurrence), nous partons visiter nos derniers vestiges mayas. Amoureux de notre liberté, on décide de ne pas se joindre à une des nombreuses excursions organisées, pourtant très populaires et assez abordables dans le coin. Bon, on voit tout ce qu’on voulait mais on galère plus que prévu… Les locaux aiment prélever une petite taxe aux touristes pour tout et n’importe quoi. Un peu de patience et on réussit toujours à avancer sans trop de soucis. Sur deux jours nous visitons les sites de Bonampak et Yaxchilan, situés à quelques heures de route de Palenque. Le premier cache les plus belles fresques du monde maya découverte à l’heure actuelle. C’est magnifique et ça change. Yaxchilan est tout autant différent. On y accède après 45 minutes de pirogue sur la rivière séparant le Mexique du Guatemala. On profite de notre matinée sur place grâce à un groupe d’une quarantaine de mexicains en voyage organisé à travers le sud du pays. Leur bonne humeur et leur gentillesse sont communicatives, on apprend à se connaitre, on discute et on rigole tout le trajet. Et puis le cadre est superbe. Les ruines sont très sauvages, perdues dans la forêt à deux pas de la rivière. Les bâtiments sont disséminés çà et là, sur différents niveaux, et toujours avec de beaux détails préservés des pillages. L’isolement a aidé et aide toujours à préserver ce site magique.

Cette étape dans la campagne du Chiapas nous permet aussi de discuter avec quelques locaux. On découvre leur rythme de vie, les problèmes qu’ils rencontrent pour envoyer les enfants faire leurs études, leurs combats contre les inégalités et pour la préservation de leur culture.

Le cœur battant du Chiapas

Voilà, nous avons notre compte de vieux cailloux cette fois. On change complètement d’ambiance et on glisse un peu plus vers le sud-ouest du pays et le cœur du Chiapas. Après une nouvelle nuit en bus, on arrive à San Cristobàl de las Casas. Depuis notre départ en janvier, il n’y a pas un seul voyageur ayant visité le Mexique qui ne nous ait pas vanté les attraits de cette ville. Il nous tarde de juger par nous-mêmes… C’est donc une nouvelle fois au petit matin que, nos sacs sur le dos, nous traversons la ville en direction de notre auberge. Premier constat, nous sommes à 2000 mètres d’altitude et cela se ressent. Il fait bien plus frais qu’à Palenque et nos sacs nous fatiguent un peu plus. Mais une fois les sacs posés pour le petit déj (œufs, haricots rouges, vous connaissez le menu) nous pouvons apprécier le charme de cette ville.


Audrey est aux anges et vous devinez pourquoi. Des façades colorées! Partout! À perte de vue! Elle passe la journée l’appareil photo greffé sur l’œil. Et puis San Cristobàl en sa qualité de capitale culturelle du Chiapas regorge de petits endroits sympas. Les restaurants pullulent et ça tombe bien, la cuisine chiapaneca est riche et variée. Et puis nous pouvons enfin boire un bon café ou un bon chocolat chaud, la région produit tout ce qu’il faut pour se régaler de ce côté là également. Nos trois jours sur place nous permettent de nous imprégner de l’histoire de la région et des mouvements zapatistes ayant façonné le Chiapas actuel. Il y a aussi le super petit musée de l’ambre où on apprend tout sur la résine fossilisée. Comme dans Jurassic Park, on voit de petits moustiques vieux de millions d’années, piégés à jamais, mais aussi des fourmis et quelques scorpions. Pas mal du tout tout ça.

On découvre également deux petits villages des environs, San Juan Chamula et Zinacantan, offrant des pratiques originales du catholicisme (on s’assoit par terre dans l’église, secoue un poulet vivant au dessus d’une bougie, on lui crache dessus et on récite des incantations – c’est pas le jour du seigneur sur France 2) et un peu d’artisanat (les femmes tissent sympathiquement de petites confections, mais c’est pas folichon). On n’est pas subjugués par contre. La région est devenue très touristique et les « petits villages » typiques ont perdu de leur simplicité. Notre Free Walking Tour dans San Cristobàl en est un autre exemple. C’est un tourisme beaucoup plus américanisé que ce nous avons vu jusqu’à présent. Tout est un peu sensationnalisé et consommé en surface. On profite des méandres du marché pour laisser notre groupe prendre de l’avance avant de nous planquer chez un petit primeur vendant des fruits inconnus. L’endroit est idéal pour faire un peu de shopping dans cet immense marché, peut-être le plus grand que nous avons vu cette année.

Nous passons nos derniers jours au Chiapas à la capitale, Tuxtla Gutierrez. Peu de charme ici, si ce n’est le musée du Chiapas avec de très belles pièces provenant des temples de la région, Palenque par exemple, mais aussi le très beau zoo où nous voyons nos premiers et uniques jaguars, emblèmes du pays. La ville est surtout un bon point de départ pour visiter la petite cité voisine de Chiapa de Corzo (très peu d’intérêt à notre goût finalement) et le Cañón del Sumidero. En compagnie de quarante mexicains en vacances, nous partons en bateau pour une matinée sur la rivière serpentant au pied des falaises, trente kilomètres de gorges vertes au milieu des oiseaux, singes et crocodiles. Une nouvelle fois nous constatons qu’au Mexique, tout le monde est sympathique et sait apprécier sa journée. La bonne humeur continue le soir dans un petit parc de la ville ou les locaux se retrouvent pour danser autour de l’orchestre municipal, tous les jours de la semaine. Ils savent se rendre la vie douce et c’est un plaisir d’en profiter un petit peu avec eux.

La fin est proche…

Bon, plus que quelques jours avant de rentrer en France… Mais avant de rejoindre l’aéroport, on va faire un petit saut par le bord de mer, pour souffler et se refaire un teint à rendre tout le monde jaloux au pays.

Le trajet se fait en deux fois. Tout d’abord un bus de nuit vers Valladolid au Yucatán. On met 20 heures au lieu de 15 car les manifestations au Tabasco, l’état voisin du Chiapas, nous empêche de passer en bus. Escortés par la police en compagnie d’une bonne dizaine d’autres bus, nous trouvons finalement une petite route de campagne nous permettant de passer la frontière sains et saufs. Bah oui, « sains et saufs », ça peut paraître normal mais à peine la frontière traversée, notre voisine nous explique « vous pouvez dormir, maintenant on ne risque plus rien ». Habituée du trajet, elle a déjà vu des groupes armés arrêter les bus la nuit pour prélever une taxe de passage. Parfois il vaut mieux ne pas savoir, on le vit mieux!


Nous revenons une troisième et dernière fois à Valladolid pour trouver quelques souvenirs que nous avions repérés un mois plus tôt (il ne s’agit pas d’un sac qu’Audrey souhaitait absolument ramener, non non, ce n’est pas pour cela que nous avons fait ce détour de plusieurs heures). On en profite également pour retourner faire les foufous au cenote d’Oxman en jouant les tarzans. L’occasion pour Audrey de faire un petit torticolis qu’elle traînera jusqu’à notre retour en France. Quand on vous dit qu’on est revenu ici pour faire le plein de souvenirs!

Nous passons ensuite nos quatre derniers jours de voyage sur la côte caribéenne, à Mahahual. Ce petit port de pêche est perdu entre Tulum et Bacalar au sud du Quintana Roo. Avec deux mille habitants seulement, on pensait trouver un petit paradis. C’était sans compter sur les paquebots déversant quelques centaines (milliers?) de touristes, nord-américains pour la plupart, sur le front de mer. Ce qui en découle est assez triste. Les prix sont littéralement doublés, c’est choquant, même si nous parvenons à les réduire en expliquant que nous ne sommes pas de riches gringos du Texas. Et puis nous n’avons pas de chance car bien que nous logeons assez loin du village, la plage faisant fasse à notre maison est recouverte de sargasses, ces algues brunes. C’est un véritable fléau pour le tourisme et elles viennent juste d’arriver ici, deux jours avant notre venue. Excellent. Et puis il y a aussi le petit cyclone qui se balade au large et qui nous offre un vent fort et constant jour et nuit. Et puis notre éco-logement est sympa mais les panneaux solaires ont un problème et on n’a plus d’électricité après 19h30. Du coup on mange à la frontale… Bon, ce n’est pas la fin qu’on avait imaginé, mais il y a quand même le soleil, le calme et les langoustes grillées dégustées les pieds dans le sable avec une noix de coco fraîche.


Voilà, nos aventures mexicaines se terminent ici. Un petit voyage en bus (trois bus, c’est trop bien le bus, ça va nous manquer le bus) et nous arrivons à l’aéroport de Cancún. Nous pouvons conclure sur ce pays que l’on attendait beaucoup plus américanisé qu’il ne l’est (dans le sud du moins) et où les habitants et l’histoire nous ont ravi jour après jour. Nous partons fatigués mais comblés. Notre avion est à destination de Bruxelles en Belgique et nous avons déjà l’impression d’être un peu rentrés dès la salle d’embarquement. Beaucoup de choses vécues durant les onze derniers mois remontent du fond de notre mémoire et nous commençons à dresser le bilan de cette magnifique année. Mais tout ça, nous vous en parlerons dans notre prochain et dernier article.

À très bientôt,

Audrey & Ben

2 Replies to “Le sud du Mexique, Chiapas ou ça casse”

  1. Les commentaires ! je vais vous les faire dans 15 mn à peu près le temps que je vienne vous
    récupérer bande de poulets migrateurs ! Moi.

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      C’est mieux entre six yeux en effet

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