Poursuite de la détente dans le nord du Laos

Après avoir découvert les plaines du sud et du centre du pays, nous mettons le cap vers les montagnes plus au nord. L’étape principale sera la célèbre Luang Prabang et nous continuerons ensuite le long des différentes rivières de la région vers la frontière vietnamienne de Dien Bien Phu.


Une fois n’est pas coutume, tout commence par un trajet en bus… Enfin deux cette fois-ci. Il est en effet impossible de rejoindre directement Luang Prabang depuis Thakhek et nous devons faire un changement à Vientiane la capitale du pays. Petite parenthèse, après Phnom Penh nous décidons une nouvelle fois de ne pas nous arrêter dans la capitale du pays que nous visitons. On préfère passer plus de temps dans l’arrière-pays, surtout que les grandes villes de la région ont bien moins à offrir que les campagnes. Fin de la parenthèse. Nous découvrons le confort qu’offrent les bus de nuit lors de notre premier trajet. Une couchette pour deux, 1m60 par 1m, le nez sous la clim et sous une couverture à la propreté douteuse. Heureusement ça n’a duré que six heures. De quoi être d’attaque dès la descente du bus à l’aube pour négocier son tuk-tuk afin de rejoindre l’autre gare routière et enchaîner sur notre deuxième bus. Ils savent s’y prendre pour nous rendre plus dociles!

Le second trajet jusqu’à Luang Prabang s’annonce meilleur à bord d’un bus VIP. On y retrouve notre deuxième couple belge, Hélène et Yonni, que nous avions croisés lors de notre seconde boucle à scooter et qui prennent la même direction que nous. Alors on vous le dit tout de suite, à la descente du bus, beaucoup se sont dit que l’avion peut être un luxe à considérer parfois… Y compris les locaux en vacances. La route n’est pas en trop mauvaise état par rapport au reste du pays, mais elle serpente à flanc de montagne durant douze heures. Et les laotiens, et bien ils n’aiment pas quand ça serpente. On n’avait pas fait gaffe aux petits sacs plastiques distribués au départ pour les gens d’ici uniquement, mais ça s’avérera rudement utile! On s’est donc badigeonné le dessous du nez avec du baume du tigre pour les dernières heures de route afin de ne pas être trop atteints par les odeurs délicates. Ça en plus des toilettes (c’est VIP hein) sans lumière et où sont stockés les poulets vivants (sympa de faire son petit pipi dans le noir entouré de volatiles) et les petits arrêts pour vider des bouteilles d’eau sur les freins incandescents du bus, on a passé une excellente journée, dépaysante à souhait! Après ces quelques 18 heures de trajet, nous voilà enfin arrivés à Luang Prabang.


Luang Prabang, le joyau du Laos

On en avait entendu beaucoup parlé et on était impatient de la découvrir, cette ville figée dans son charme colonial et parsemée de temples. Audrey s’attendait à une ville touristique, musée à ciel ouvert (depuis 20 ans au patrimoine mondial de l’UNESCO) et Ben à une cité mêlant histoire préservée et urbanisme moderne. Nous nous sommes tous les deux trompés!

Au confluant du Mékong (encore lui!) et d’un de ses affluents, la Nam Khan, la vieille ville s’étire le long d’une avenue principale qui rassemble les principaux attraits de la cité. Dès la première journée nous profitons du calme ambiant pour emprunter l’artère principale et visiter les temples érigés çà et là. Ils sont certes moins clinquants qu’en Thaïlande mais n’en demeurent pas moins très charmants. L’économie du pays n’est pas la même que celle de son voisin thaïlandais et les rénovations mettent plus de temps à se faire. On apprécie quand même ce butinage matinal et paisible. Une telle profusion culturelle nous avait un peu manqué depuis les temples d’Angkor visités il y a presque un mois.

Tous les matins, à l’aube, les moines des différents temples parcourent la ville (tous les matins!) pour recueillir les offrandes des fidèles pieusement agenouillés sur la rue. Cela s’appelle le Tak Bat. Ça se déroule dans la majorité des villes bouddhistes du monde mais la profusion de temples ici donne à cette tradition une dimension exceptionnelle. La rue principale est bondée dès 5h30 du matin. Les minibus déposent à tour de rôle les touristes (principalement chinois, vous l’aurez deviné) à deux pas des locaux habitués à ce triste manège. Et puis d’un coup, les bonzes au crâne chauve et à la toge orange apparaissent et avancent en file indienne à travers les rues. Le plus âgé mène les plus jeunes (souvent des enfants) devant chaque groupe de fidèles parfois rejoints par des touristes ayant un besoin d’échange spirituel (ou juste sensationnel, l’homme n’est pas que bonté ma p’tite dame). On est assez chanceux dans tout ce spectacle car on trouve un petit croisement de rue en retrait du flot principal. Pas plus d’une douzaine de personnes nous accompagnent (locaux et touristes confondus) ; on se fait tous petits et on observe ce rituel imposant respect et humilité.

La ville est un haut lieu touristique et nous entendons enfin parler d’autres langues que le français et l’anglais! La foule cosmopolite a un petit côté reposant. Et puis l’engouement des voyageurs pour cette ville à un effet de bord pas trop mal ; des petits oasis occidentaux poussent aux quatre coins de la ville. On redécouvre le plaisir des cafés latte, des croissants français, des frites belges, des girafes de bière ou simplement de la musique rock en fond. On ne recherchait pas vraiment cela et on n’en ressentait pas le besoin, mais ce petit bol d’air qui sentait bon la maison nous a fait du bien. Et quand il nous a pris l’envie de faire quelque chose (si si ça arrive), on a sauté dans un tuk-tuk à l’aube et pris la direction des splendides cascades de Kuang Si. Un magnifique parc simplement aménagé autour des chutes d’eau turquoise où nous avons pu nous balader et nous baigner sans qu’il n’y ait trop de monde. Un super souvenir.

On comprend pourquoi cette ville plait tant. Cela dit (vous nous voyez arriver avec nos gros sabots?), Luang Prabang c’est pas New-York et c’est pas Rome non plus, il n’y a pas masse de choses à faire. C’est le Laos, on est habitué à se la couler douce et à surtout profiter du rythme qu’offre le pays ; mais ici, on a tellement ralenti qu’on a failli tomber en arrière! On a même du rallonger d’un jour ou deux pour pouvoir faire nos visas vietnamiens au consulat de la ville.


Nong Khiaw et Muang Ngoi, ou la détente à l’état pur

Nos visas vietnamiens en poche, nous voilà partis en direction de la petite ville de Nong Khiaw. Le trajet en minibus n’est pas désagréable et les derniers kilomètres sont l’occasion de retrouver de superbes paysages. La route longe une petite rivière (la Nam Khan passant aussi par Luang Prabang) au milieu de pics karstiques. La végétation est un peu plus abondante et verte que ce que nous avons eu jusque-là. Il va faire plus frais, c’est cool… Et bien non ! Nous passons deux petites journées à découvrir la ville et ses alentours sous une chaleur encore assommante. C’est décidé, on ne s’attarde pas ici, on prend le bateau vers le village de Muang Ngoi situé une heure au nord en bordure de rivière. Juste le temps de dire au revoir à nos amis belges Hélène et Yonni qu’on a pu recroiser ici et qui rentrent manger des frites et faire des « cheese and wine » à Namur après quelques mois de vacances.

C’est donc après une petite croisière en pirogue à moteur qu’on découvre Muang Ngoi, petit port et ancien chef-lieu de la région. Les bombardements de la guerre du Vietnam ont pratiquement rasé la ville reconstruite petit à petit grâce à un afflux touristique modeste mais constant. Plus de bitume ici, uniquement des pistes en terre et cailloux (d’après certains touristes, les locaux seraient attachés au charme des routes cabossées… Bah voyons). Nous passerons deux journées ici à découvrir les petits villages des rizières à quelques kilomètres de randonnée et à assister à la célébration de la journée du droit des femmes (le 8 mars en l’occurrence) par les locales. C’est assez simple, les femmes ne travaillant pas, le village végète. Les restaurants n’ayant pas fermé pour l’occasion ont des cartes très limitées. A peine de quoi nourrir les quelques touristes errant dans la rue principale baignée dans les mélodies suaves (sarcasme) des karaokés féminins souvent très alcoolisés ! C’est surprenant à voir dans un pays à l’apparence très machiste.

Après un orage aussi inespéré que puissant (enfin du frais !), on reprend la pirogue pour cinq heures et pour nous rapprocher de la frontière vietnamienne. Une croisière fort sympathique à condition d’avoir un siège et de ne pas devoir se recroqueviller contre la coque sur une petite planche. Mais à force de faire des trajets un peu pourris on commence à avoir l’œil sur ce genre de bonus/malus et on se positionne rapidement à l’embarquement pour être bien assis. Bien joué les poulets ! La ruse sera magnifiée lorsque nous aurons le droit à une douche intégrale au passage d’un rapide et qu’on se retournera en demandant si quelqu’un veut profiter des sièges confortables. Nos visages trempés ont fait mouche et tout le monde a rigolé et nous a invité à garder nos places piégées. Stratagème superbe car nous n’avons pas eu d’autre douche surprise jusqu’à l’arrivée à Muang Khua (à la fin du voyage vous aurez une interro sur les villages qu’on visite, alors restez concentrés).

Nous arrivons à la frontière vietnamienne proche de Dien Bien Phu après quatre superbes semaines au Laos où nous avons vu de magnifiques paysages et découvert un peuple aussi nonchalant que sympathique. Ce fut un véritable plaisir de perdre toute notion de stress et de d’apprendre à relativiser la moindre attente ou retard car les gens ici vivent à leur rythme et ne sont pas prêts à le changer, et c’est pourquoi on s’y sent si bien.

A très bientôt pour la suite de nos aventures au Viêtnam !

Audrey et Ben

14 Replies to “Poursuite de la détente dans le nord du Laos”

  1. Quel plaisir de vous lire! Encore un article superbement bien écrit et très intéressant!
    Et les photos ..sublimes!!!.
    Bravo mes petits poulets!
    Gros bisous à bientôt 😙❤

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Je t’en ferai encadrer des photos ma petite maman ! Gros bisous

  2. Magnifique tout ça..que de belles découvertes encore, ces photos me rappellent plein de souvenirs
    grosses bises de nous 2 à vous 2 !!!

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Bientôt on se construira des souvenirs communs autour d’une coconut! Il nous tarde. Bisous à vous deux

  3. Vous êtes vraiment des poulets label rouge,vous avez cet esprit de découverte et vous nous le faite
    partager avec talent.Bon fini les guilis-guilis(ortografe aprocsimative) je vous informe qu’aujourd’hui
    22mars2018 c’est l’anniversaire du Chat de monsieur Geluck.Bisous.

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Merci papa pour les nouvelles très très importantes du chat et pour ta grammaire dont j’ai hérité!

  4. Salut les poulets ! Très très belles photos !! J´attends l´article sur le Viêtnam avec impatience 🙂 bisous bisous !

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Pas de pression mon petit rouleau de printemps! L’article est au chaud prêt à sortir du four très vite tiens toi prête!

  5. Ohhh j’avais oublié que vous étiez si beauxx!! Ca me fait plaisir de voir des photos de vous aussi radieux!! Le soleil laotien vous va bien!

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Que tu es mignonne, on en rougirait presque! Heureusement que nous sommes sommes bronzés car pour le maquillage et tout autre embellissement féminin on repassera 🙂

  6. Que de situations cocasses dans ce ce voyage,mais toujours aussi géniales et superbes.
    Merci pour votre récit très descriptif.
    J’ai vraiment beaucoup ri et admiré de beaux paysages!
    A bientot mes petits poulets chéris.Gros bisous

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      Notre plus grande fan, ex-aequo avec Maria Cayre!

  7. Youhou quel honneur d’apparaître dans votre article 😉 Bon je suis un peu jalouse de vos photos qui sont toujours super belles, mais on l’a vécu en vrai c’est encore mieux ! On attends les prochains avec impatience, pour étoffer la liste des « to do » prochainement.
    PS: Le cheese and wine de ce dimanche était délicieux !

    1. Benjamin & Audrey dit : Répondre

      On ne pouvait pas se passer de citer les nouvelles frites du voyage! On s’applique pour les « to do list » et on fera une interrogation écrite lors de notre prochain cheese and wine en visite 🙂 Bisous

Laisser un commentaire

As-tu vu les derniers articles?
Have you seen the last posts?

On a accéléré le rythme dernièrement!
We’ve increased the pace lately!

Mexique – part 1, part 2, conseils & vidéo
Bolivie – part 1part 2, conseils & vidéo
Argentine – part 1part 2conseils & vidéo

OK!

Ne sois pas timide
Don’t be shy

Inscris-toi à notre Newsletter
Subscribe to our Newsletter

Non merci! / No, thanks!