Troisième pays de notre périple, le Laos laisse présager un mois de découverte à un rythme assez relax (on courait jusque là, vous n’aviez pas remarqué…). Les retours que nous avons eu sur ce pays sont tous éloquents, et on attend avec impatience de vérifier tout ça. Notre premier arrêt est choisi assez simplement puisqu’il s’agit de la constellation d’îles paisibles parsemant le Mékong à la frontière cambodgienne, Si Pan Don ou littéralement « les 4000 îles » en laotien.
Uniformes et humanitaire
Mais avant de poser les sacs au paradis de la glande, un nouveau passage de frontière en bus et quelques dollars laissés en supplément de chaque côté. Ben aura bien essayé de mettre les billets dans la caisse Croix Rouge à disposition, mais il semblerait que les gens en uniformes s’en charge eux-mêmes en fin de journée. Ou alors ils la vident pour se payer des bières. C’est un peu flou pour nous (sarcasmes). On se dit qu’ils sont de toute façon payés au raz des pâquerettes et que sans cette seconde source de revenus, la motivation doit être dure à trouver. C’est notre contribution au service public local, allez, c’est notre tournée!
Le bon côté de ces petites pauses détroussages, c’est qu’on fait des rencontres. On identifie vite les taquins comme nous et on papote. L’extorsion nous rapproche faut croire. Deux petits suisses partagent en tout cas ce point de vue, Marion et Patrick. Ils prévoient comme nous de passer quelques jours sur l’île de Don Khone afin de recharger les batteries.
Don Khone, la vie, la vraie
L’acclimatation s’annonce assez simple. Notre pirogue à moteur serpente entre les pêcheurs sur le Mékong au coucher du soleil. C’est un régal et un soulagement après la dizaine d’heures de bus que nous venons d’avaler. Notre guesthouse a les pieds dans l’eau et un hamac nous est dédié. Aucun doute, on va se plaire ici.
Les activités étant limitées, on recroise rapidement les petits yaourts (vous l’avez ?) et on découvre nos points communs, comme prendre l’apéro sur la terrasse de notre bungalow, surplombant le Mékong devant le couché de soleil. Il y a des passions dans la vie qui sont plus simples à partager. Nous passons les quatre jours suivants sur cette île en compagnie de nos nouveaux compagnons de route à alterner sieste dans le hamac du bungalow, sieste digestive au restaurant, sieste à la plage, sieste nocturne (celle-ci dure environ 10h et est un dérivé de ce qu’on a en Europe sauf que c’est sur le Mékong).
On intercale bien entendu nos trois repas quotidiens qui nous permettent de renouer avec la cuisine. Car oui, soulagement immense, après les soupes d’os de poules cambodgiennes, c’est le retour des plats typiques thaïs. On trouve vite notre cantine, où on a le droit au petit verre de Lao Lao (alcool de riz à 30° grosso modo) avec le père de famille. Ici la femme gère le business et la cuisine, pendant que le mari, dans le meilleur des cas, sert les digestifs. Les enfants aident au service en se trompant une fois sur deux dans la prise des commandes, mais ça fait partie du charme local. Ils ont toujours le sourire et sont ravis de nous servir d’énormes assiettes de nouilles, de riz ou de curry (d’où la sieste digestive). Et puis ici on mange allongés à la romaine, c’est pas facile de se lever directement après… Une fois on s’est bien bougé et on est allé voir une cascade! Heureusement, il y avait tout le nécessaire pour faire une sieste sur place, ouf.
Après ces quatre jours amplement mérités (le tour du monde, c’est pas des vacances hein!), il est temps de remonter un peu plus au nord. On a rendez-vous à Pakse, où nous attendent Lucie et Gary, le couple de français rencontrés dans le nord de la Thaïlande. On prendra la route tous les six (on est devenu inséparables avec les yaourts) pour aller découvrir les cascades de la région.
Le plateau des Bolovens ©
Nous voici donc partis pour trois jours en scooter à la découverte de cette boucle assez touristique semble-t-il. Quoi? Hein? Vous avez lu « scooter »? Mais? Et Audrey? Elle est restée à Pakse à siroter des mojitos en happy hour sur les rooftops de la ville où quoi? Et bien non, croyez moi, croyez moi pas, mais après plus de dix jours sans deux roues motorisé, son corps commençait à crier famine (re-sarcasme)! Heureusement plus de pistes en terre, yes! Mais des routes en construction sur des dizaines de kilomètres! Plutôt que de travailler par tronçons, ils prennent le parti de refaire 50 km d’un coup. On a donc pas mal mangé de poussière sur des routes en graviers ou en bitume fraîchement tassé (on s’est même retrouvé à rouler derrière le rouleau compresseur).
Malgré la signalisation quelque peu chamboulée, on a quand même réussi à trouver deux superbes cascades, Tad Champy et Tad Yuang. La première offrant un bassin paisible pour barboter et la seconde une chute d’une cinquantaine de mètres sous laquelle nous avons pu nous rafraîchir assez émerveillés. Une sensation incroyable que de se tenir sous les gerbes d’eau d’une telle puissance.
Notre balade nous emmena également à la rencontre des producteurs locaux, de café particulièrement. Mr Hook nous a présenté son village de 270 âmes issu d’une minorité (le pays en compte plus d’une centaine) et parlé du café dans un anglais parfait pendant plusieurs heures. Incroyable pour un homme n’ayant plus le droit de quitter son village à la suite d’un triple adultère ; le dernier ayant été découvert par son shaman après le test du « couteau planté dans le riz ». Il nous a dit avoir bien caché l’incartade ayant eu lieu lors d’un « voyage d’affaire » au Vietnam, mais le couteau qui reste droit dans riz fumant alors qu’il devrait tomber, ça ne trompe pas ! Rattrapé par la patrouille Captain Hook (comme le surnomment les touristes). Mise à part cette anecdote fumeuse (comme le riz – on est là pour se marrer aussi hein) nos échanges avec lui ont été très riches et d’une sincérité incroyable. Sa lucidité au sujet du gouffre culturel entre ses aïeux et la nouvelle génération nous a bluffé. Petit à petit les jeunes voyagent dans le pays, font des rencontres et ouvrent leur village à la modernité. Le risque principal étant bien entendu la disparition des traditions, même si certaines semblent d’un autre temps. Au moment de notre venue, une famille de soixante personnes vivait isolée dans la forêt depuis 3 ans et pour encore 2 ans à la suite du décès accidentel d’un de leurs membres. Leur mise à l’écart est totale et vise à retrouver l’harmonie avec les esprits. Le village étant animiste, les esprits sont présents en toute chose et un mauvais rêve un soir de pleine lune oblige les parents à attendre une année de plus avant de nommer leur bébé. Les règles sont identiques depuis des générations et toujours respectées aujourd’hui, c’est en un sens assez remarquable.
Nous apprendrons finalement que le nom du plateau sur lequel nous nous baladons n’a pas de réel signification si ce n’est de dire qu’il abrite une multitude de minorités (sous le nom de Lovens). Il s’agit donc d’une appellation © commerciale pour nous autres occidentaux. La région porte normalement le nom de Paksong, la plus grande ville du coin.
De retour à Pakse il est temps de nous séparer de nos compagnons. Lucie et Gary allant glander aux 4000 îles et Marion et Patrick partant découvrir le joyau du nord, Luang Prabang. En ce qui nous concerne, on remonte encore un peu pour aller refaire du scooter (je vous jure, c’est Audrey qui insiste)!
Thakhek et sa fameuse boucle
Après un trajet bus quelque peu rocambolesque (11h30 pour faire 330km sans même tomber en panne), nous voilà arrivés à Thakhek la nuit tombée. Cette ville bordant le Mékong est le point de départ d’une balade à scooter assez connue dans le pays. Par chance la route a été refaite quasi entièrement ces dernières années et ce n’est plus le calvaire que certains ont vécu par le passé.
Nous voilà repartis sur une nouvelle bécane (plus ou moins le même modèle mais en bien meilleur état que les précédentes). On change complètement de décor par rapport au sud du Laos. Cette fois ce sont des montagnes karstiques qui accompagnent notre route et ce n’est pas pour nous déplaire! Elles font vraiment l’effet de termitières s’élevant des plaines. Et ce ne sont donc plus des cascades qui sont à voir mais des grottes et rivières souterraines.
La première que nous découvrons est Tham Sa Pha In et présente une salle très vaste donnant sur un plan d’eau. Une large ouverture à l’autre bout de la grotte laisse entrer la lumière et crée un reflet magique sur l’eau.
Sur les conseils de nos amis Lucie et Gary, nous nous arrêtons dans le petit village de Ban Thathot pour pique-niquer. On est samedi, et ici le week-end est synonyme de fête de village. Le plan d’eau où jouent les enfants est baigné par la musique techno sur laquelle dansent les adulte un peu éméchés sur la place du village. C’est assez atypique et ça nous plait bien. On passe une bonne partie de l’après-midi ici et Ben se fait inviter par les enfants à découvrir une énorme grotte cachée et ne figurant pas sur les cartes. Les touristes ne s’arrêtent jamais habituellement et les mômes sont super contents d’avoir un nouveau copain! Ben devra enlacer le bras de Buddha afin de vérifier que ses doigts se touchent bien. Si ça touche, t’es un grand (ça a touché de peu, mais ça a touché)! Les enfants sont très respectueux, à la fois de Buddha mais aussi de la roche sculptée par le temps. Ils font attention a toujours marcher au même endroit pour ne pas abîmer les stalactites et autres formations rocheuses. Il y a même un visage gravé dans la roche calcaire datant de plusieurs générations. Tout le monde se recueille devant en passant et fait attention à ne pas y toucher. C’est vraiment top d’avoir une visite guidée privilégiée avec une dizaine de petits garçons.
La route nous emmène ensuite à Ban Thalang, village étape situé au milieu d’une zone inondée après la construction d’un barrage hydroélectrique en aval. Les bois recouvrant les plaines vallonnées ont été redessinés, les zones les plus basses étant aujourd’hui immergées et parsemés d’arbres morts. Nous serpentons dans ce décor à la fois lugubre et paisible. L’horizon se rapproche et les monts karstiques se laissent peu à peu approchés. Audrey retrouve ses nouvelles passions, les côtes et les virages en épingle (l’attente commençait à se faire longue). Les points de vue sont superbes et c’est un vrai régal! Des plaines cultivés séparés par des canaux, des villages parsemés ça et là, des pics rocheux posés aléatoirement, des statues de Buddha en bord de route. On adore!
Nous finissons cette seconde boucle laotienne à Kong Lor, petit hameau donnant accès à la grotte du même nom. Le village est agréable et les gens accueillants. Enfin, c’est partagé… D’un côté on se fait offrir une bière et une danse à un anniversaire, de l’autre Ben se fait gentiment refuser de jouer au foot avec les enfants. Les vieux souvenirs du collèges refont surface, quand il était toujours pris en dernier dans l’équipe à la récré (on a réussi à vous arracher une larme là, non?). La tristesse est de courte durée car le point d’orgue est la visite de la grotte. 7.5km à la frontale en pirogue à moteur. C’est impressionnant! Un tunnel d’une quinzaine de mètres de large façonné par la nature et traversant la montagne d’un bout à l’autre. La sensation est saisissante et malgré le mutisme de notre pilote (la barrière de la langue est parfois compliquée à franchir pour les locaux), on est émerveillés aussi bien à la l’aller qu’au retour.
Des souvenirs pleins la tête, nous sommes de retour à Thakhek pour reprendre le bus direction Luang Prabang. On s’attend à un voyage assez sympa de 700km avec un changement à Vientiane. Mais ça, c’est pour le prochain article!
A bientôt,
Audrey & Ben
Chouette de vous suivre ici, et que vous maintenez ce blog quand il y a vraisemblablement mille et une autres attractions. Les photos sont vraiment belles, un vrai plaisir. A bientot les amis.
On apprécie vraiment de prendre le temps d’écrire tout notre récit de voyage ! On compte sur toi pour réagir régulièrement !
Encore de belles photos ! On est rassuré de savoir que nos poulets voyageurs s’accordent des moments de détente ! Bisous
Ah ça il y en a eu des moments de détente au Laos ! Reprise d’activité imminente avec notre départ pour le Vietnam.
Quel beau voyage je viens de faire gràce à vous les petits poulets!
toutes ces traditions autres que l’apéro c’est simplement énorme
encore dans notre siècle.J’ai beaucoup aimé le « test » du couteau planté dans le riz……………
gros bisous mes petits poulets chéris
Pauvre Jean-Paul qui va devoir planter du riz après chaque dépannage !
Salut,
Que de merveilles, heureusement que certaines traditions semblent internationales (bières, apéro, sieste). Un peu comme au boulot finalement,sauf qu’il nous manque les hamacs, cascades et deux trois autres détails.
On peut aussi partager la phrase “Les règles sont identiques depuis des générations et toujours respectées aujourd’hui” ça s’applique bien à la perfo il me semble.
Merci de me faire rêver par procuration, amusez vous bien !
Gilles
Salut Gilles. On pense qu’avoir un boulot intéressant c’est suffisant jusqu’à ce qu’on mette les voiles pour un an ! Vous inquiétez pas j’ai toujours un œil sur ce qu’il se passe à Saint Martin et l’avancement des campagnes FT (d’ailleurs bon courage avec l’ULR). PS : si tu as un soucis avec une macro demande à Jonathan 😀
Ah… quelle découverte du monde !
Belles photos… mais où donc allez-vous mettre tous ces souvenirs ? Il vous faut avoir un big « cloud » dans la tête !
Gros bisous.
Que tu es 2.0 ma tatie ! Effectivement c’est ce qu’on se disait, on a déjà vu tant de choses en seulement 2 mois ! Grosses bises à tous
Votre reportage sur le Laos mériterait bien le prix Albert Londres,c’est super!En ce qui concerne le foot, Ben pour te consoler de n’avoir pas jouer avec les enfants, un phénomène classé X-Files est arrivé hier, Nantes a battu Marseille 1 à 0. Audrey, supporter les apéros incessants de Ben, les km en scooter et les commentaires débiles que je vous envoie, bravo. Bisous. Michel.
On ne sait pas si c’est du grand reportage mais en tout cas on prend plaisir à écrire nos carnets de route !
Papa, oui effectivement je suis une dure à cuire !
Michel, je n’ai jamais douté des canaris !
Michel, sans vouloir vous offenser, je pense que vous êtes allé vous coucher avant la fin car il y a eu 1 partout à la 95ème finalement… Merci pour la fausse joie !
Coucou mes tites beautés, que de belles découvertes et ce n’est pas fini!!!!!!!!!!!!! trop hâte de vous revoir dans un mois et de découvrir la Birmanie ensemble…
Les photos sont superbes et nous emportent dans votre voyage!!!!!! Continuer votre blog, c’est top.
Gros bisous à tout les deux et on arrive!!!! TIEN
On va se régaler ensemble en Birmanie en espérant qu’on y perde pas Shahab dans un temple !
Encore un article qui fait rêver … et bien rire avec vos petites blagues!
Et j’ai failli avoir envie de faire une sieste en lisant le début de l’article 😉
N’oublie pas d’enlever tes rollers ça pourrait te surprendre au réveil !
Salut les petites volailles !
Toujours de nouvelles rencontres riches d échanges culturels… Je vois qu’on n oublie pas la tradition de l apéro, qui semble internationale. Vous allez devenir des professionnels de la conduite tout terrains.
Ciao les chouchous!!!😘
On fait notre maximum pour échanger culturellement, surtout quand cela implique de boire un coup 🙂
Quel régal de vous lire !! Et ces photos… votre Laos est absolument magnifique ! Merci pour la balade avant de dormir 🙂 des bisous bonne route.
Coco
Et c’est pas fini… L’article sur le nord du Laos t’attend me belle Coco ! Embrasse ton petit ange pour moi et dis lui de ne pas trop grandir pour que je le reconnaisse en rentrant ! Bisous
J’ai vu bien souri à lire ce compte-rendu sur le Nord Laos. Merci pour ces évocations tellement vivantes !
On retranscrit au plus proche possible notre expérience! Ravis que ces carnets de voyage vous fasse rire!! Pour les photos, on est pas encore à ton niveau mais on y travaille !